Notes
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[1]
Le terme double exceptionnalité est employé pour désigner une personne présentant à la fois une douance intellectuelle associée à un trouble neurodéveloppemental ou de santé (CIDDT, 2021b). Selon Rinn (2018), la douance intellectuelle serait une force, alors que la double exceptionnalité constituerait une vulnérabilité.
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[2]
Cette étude a été approuvée par le Comité d’éthique de la recherche de l’UQAC : no 2021-635.
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[3]
Le questionnaire a été complété par 11 des 12 participantes.
Introduction - Présentation
1 Peu d’écrits mettent en lumière la réalité des parents d’enfants à haut potentiel (Morawska et Sanders, 2009 ; Renati et al., 2017), bien que ceux-ci traversent des défis particuliers (Renati et al., 2017). En effet, la majorité des études réalisées à ce sujet ont été menées auprès des enfants eux-mêmes (Morawska et Sanders, 2009), sans documenter le vécu de leurs parents. Afin de mieux comprendre le vécu de ces parents, en particulier celui des mères, une étude exploratoire qualitative a été entreprise à l’hiver 2021 afin de documenter les répercussions du haut potentiel de leur enfant dans divers aspects de leur vie. Au total, 12 mères d’enfants identifiés comme étant à haut potentiel et provenant de plusieurs régions du Québec (Canada) ont accepté de participer à une entrevue semi-dirigée. Cet article met en évidence les principaux résultats de l’étude en fonction des conséquences individuelles et sociales qui découlent de la vie avec un enfant à haut potentiel. Cette présentation des résultats et la discussion qui s’ensuit, sont précédées du cadre théorique et méthodologique de l’étude.
État des connaissances
Qu’est-ce que le haut potentiel ?
2 L’intérêt envers ce qu’il convient aujourd’hui d’appeler le haut potentiel ne date pas d’hier. Un survol des écrits scientifiques met en évidence différentes appellations ayant été utilisées, depuis les années 1920, pour qualifier les enfants qui se démarquent par leurs capacités, notamment intellectuelles. Parmi ces expressions, on retrouve notamment gifted, surdoué, précocité intellectuelle, de même que les notions de haut potentiel et de double exceptionnalité [1] (Nunès et Rivard, 2019 ; Freiman et Manuel, 2015). Ces différentes appellations rendent difficile la compréhension du phénomène, de même que l’élaboration de critères pour identifier les enfants à haut potentiel (Peyre et al., 2016 ; Pry, 2018). À ce jour, il n’existe pas de définition du haut potentiel qui fasse unanimité au plan scientifique (Caron et al., 2021). Le seul critère internationalement reconnu pour identifier les enfants à haut potentiel est le Quotient intellectuel (QI) (Caron et al., 2021). En raison du caractère multidimensionnel du haut potentiel et de l’hétérogénéité des profils des enfants qui présentent cette condition, ce critère semble toutefois insuffisant (Antshel, 2008 ; Knobel et Shaughnessy, 2002 ; Renzulli, 2005). En effet, les écrits mettent notamment en évidence deux profils reliés au haut potentiel : a) le profil homogène (ou laminaire), qui correspond au développement harmonieux des capacités et qui, par le fait même, est associé à une facilité d’apprentissage, de même qu’à un meilleur fonctionnement social et b) le profil hétérogène (ou complexe) qui renvoie au développement non harmonieux des capacités intellectuelles verbales et non verbales, ce qui est souvent associé à des difficultés d’apprentissage, motrices et langagières, et peut avoir une incidence sur le fonctionnement et le développement des enfants (CIDDT, 2001a).
Que sait-on à propos des enfants à haut potentiel ?
3 Dès la petite enfance, les parents peuvent identifier certaines caractéristiques associées au haut potentiel chez leur enfant, même si ces dernières ne constituent pas des facteurs d’identification spécifiques à cette condition. Entre autres, les enfants à haut potentiel sont des bébés très éveillés. Ils marchent et parlent tôt dans leur processus de développement, ils sont très observateurs et dorment peu (Guillon, 2019 ; Loureiro et al., 2010). Pendant la période de l’enfance, ces enfants présentent habituellement une sensibilité émotive très fine, une grande maturité philosophique et ils sollicitent beaucoup d’attention en raison de leur manque de confiance en eux (Guillon, 2019).
4 Au-delà de ces caractéristiques généralement associées au haut potentiel, ce dernier entraîne différentes conséquences dans la vie des enfants, qu’elles soient psychologiques, sociales ou scolaires. Tout d’abord, en ce qui concerne les conséquences psychologiques, certaines études soulignent que l’enfant à haut potentiel présente une intensité affective, l’amenant à vivre fortement ses émotions (Loureiro et al., 2010 ; Siaud-Facchin, 2010). Malgré tout, les écrits scientifiques sont mitigés quant à la vulnérabilité psychologique des enfants à haut potentiel. Certaines études affirment que les enfants à haut potentiel sont plus à risque de développer des problèmes émotionnels pouvant engendrer des troubles mentaux (Peterson, 2009 ; Siaud-Facchin, 2010). Terrassier (2004) appuie l’idée selon laquelle il existe un décalage dans le développement cognitif, affectif ou moteur, chez les enfants à haut potentiel. Toutefois, en ce qui concerne les difficultés psychologiques, la question est toujours débattue (Grégoire, 2010).
5 De plus, certaines conséquences du haut potentiel sont également rapportées dans les études en lien avec la vie sociale des enfants, bien que celles-ci mènent à des résultats contradictoires (Loureiro et al., 2010 ; Mouchiroud, 2004). Tout d’abord, l’idée d’une dyssynchronie sociale est identifiée dans l’étude de Loureiro et al. (2010) avec l’analyse de questionnaires administrés à des parents d’enfants à haut potentiel, âgés de sept à onze ans. On y souligne que l’enfant à haut potentiel vit souvent un décalage dans son développement social, ce qui peut conduire à des difficultés relationnelles et de socialisation. L’hypothèse inverse est aussi soutenue et indique plutôt une corrélation positive entre un haut potentiel intellectuel et un équilibre dans la vie sociale (Mouchiroud, 2004 ; Papadopoulos, 2021a).
6 Au plan scolaire, les enfants à haut potentiel doivent constamment s’adapter à un rythme d’apprentissage différent du leur. Dans bien des cas, ils manquent de motivation, s’ennuient et se replient sur eux-mêmes (Loureiro et al., 2010). Ce désintérêt peut amener ces enfants à développer des difficultés attentionnelles, de l’instabilité psychomotrice et des troubles anxieux (Revol, 2011 ; Siaud-Facchin, 2010).
Quelles sont les répercussions du haut potentiel dans la sphère familiale ?
7 Les parents peuvent réagir de différentes façons lorsqu’ils apprennent le haut potentiel de leur enfant. Certains l’accueilleront positivement, en considérant qu’il s’agit d’une qualité, d’autres le considéreront comme un défi (Free, 2017 ; Renati et al., 2017), tandis que des parents la verront plus négativement, plutôt comme un fardeau (Delisle, 2001 ; Free, 2017). Cette section met en évidence les répercussions positives et négatives du haut potentiel d’un enfant chez les parents concernés.
8 Sur le plan personnel, les parents d’un enfant à haut potentiel peuvent être confrontés à différentes sources de stress. Plus précisément, ces parents peuvent vivre un stress important en raison des besoins spécifiques de l’enfant à haut potentiel au regard de l’éducation et du milieu scolaire, plus particulièrement lorsque l’enfant présente une dyssynchronie développementale (Renati et al., 2017). En parallèle, en raison du haut potentiel, certains parents s’attendent à ce que leur enfant se démarque au niveau académique en plus de vivre une meilleure gestion de ses émotions (Eren et al., 2018). Pour quelques-uns, le haut potentiel peut agir à titre d’effet miroir et ces derniers peuvent se sentir menacés par leurs propres habiletés relatives à la condition de leur enfant (Renati et al., 2017). Dans certains cas, les parents doivent composer avec des réactions comportementales intenses ou encore des difficultés et des échecs scolaires chez leur enfant (Pfeiffer et Stocking, 2000).
9 En ce qui concerne la sphère familiale, des conséquences peuvent être vécues dans la relation que les parents entretiennent avec l’enfant à haut potentiel. Étant donné que ce dernier est à risque de développer diverses problématiques (problème de comportements, sous-performance, désengagement scolaire et troubles mentaux) (Parliament of Victoria Education and Training Committee, 2012), les parents sont plus susceptibles d’affronter des défis supplémentaires dans l’exercice de leur rôle. Par exemple, parallèlement à leur sentiment d’inadéquation, certains parents peuvent ressentir de la frustration et même un sentiment de détachement (Delisle, 2001). D’un autre côté, les familles d’enfants à haut potentiel peuvent être reconnues pour être résilientes (Dwairy, 2004). Selon Jolly et al. (2012), le choix de faire l’école à la maison, privilégié par de nombreux parents d’enfants à haut potentiel, peut entraîner plusieurs enjeux, dont l’émergence de nouveaux rôles pour l’enfant et ses parents. Néanmoins, ce choix peut favoriser une plus grande liberté en adaptant le programme scolaire aux besoins de l’enfant. Pour ces parents, l’environnement scolaire peut être perçu comme démotivant et ne procurant pas suffisamment de défis (Garn et al., 2010).
10 En parallèle, les parents peuvent vivre plusieurs difficultés liées à la dynamique familiale. Dans une étude de Renati et al. (2017), le quart des 49 parents interrogés ont mentionné avoir de la difficulté à aider leur enfant à haut potentiel à gérer ses émotions et ses préoccupations, ce qui peut engendrer de l’anxiété et de la tristesse. En ce sens, le haut potentiel peut complexifier les relations au sein de la famille, tant entre les parents qu’entre la fratrie (Distin, 2006). Selon Renati et al. (2017), le stress des parents provient souvent d’un manque d’alliance avec le conjoint vis-à-vis le haut potentiel de l’enfant (44,9 %). Pour d’autres parents, l’aménagement des routines, par exemple l’organisation de l’horaire familial (32,7 %) ou encore la gestion des relations avec la fratrie (22,5 %), représentent des facteurs de stress familiaux importants (Renati et al., 2017). Malgré tout, les parents peuvent développer certaines capacités individuelles afin de traverser les nombreuses conséquences reliées au haut potentiel. Selon l’étude réalisée par Renati et al. (2017), les stratégies les plus utilisées par les parents au sein de leur famille sont les suivantes : la disponibilité (26,3 %), la patience (26,1 %), le don d’amour (13 %) et la persistance (17,4 %). Concernant le couple, les parents privilégient une meilleure communication (30,4 %), la coopération (21,7 %), ainsi que l’intimité et l’amour (13 %).
11 D’un point de vue professionnel, opter pour l’enseignement à domicile peut conduire le(s) parent(s) à revoir renoncer à leur(s) emploi(s) et ainsi mettre un terme à leur carrière professionnelle. Pour certains parents, cette transition peut être difficile, car ils aimaient leur travail et ils y étaient investis. En plus de subir une perte de revenus, certains parents éprouvent des difficultés face à l’abandon de leurs activités professionnelles (Jolly et al., 2012). En outre, pour favoriser les apprentissages de l’enfant à haut potentiel les cours d’été, le mentorat et les internats spécialisés en lien avec des talents spécifiques ou des sports sont des options souvent envisagées par les parents. Toutefois, ces dernières nécessitent des dépenses supplémentaires et ne sont pas accessibles à l’ensemble de la population concernée (Manasawala et Desai, 2019).
12 Sur le plan social, le soutien de l’entourage peut avoir plusieurs effets positifs sur le bien-être des parents d’enfants à haut potentiel et il permet d’estomper leurs effets négatifs liés au stress (Cohen et al., 2004). Pour certains d’entre eux, la communication avec les membres de la famille élargie peut toutefois s’avérer difficile, car ces derniers peuvent avoir la sensation d’être incompris face aux difficultés qu’ils vivent (Renati et al., 2017). Également, les relations avec les autres parents, dont les enfants ne présentent pas de haut potentiel, peuvent s’avérer difficiles pour les parents d’enfants à haut potentiel. Bien que les autres parents puissent démontrer de la sensibilité et de la compréhension, les parents d’enfants à haut potentiel se sentent bien souvent frustrés de ne pas être libres de discuter des capacités de leur propre enfant (Matthews et al., 2014). Pour quelques-uns, la présence d’un ami proche ou d’un voisin peut rendre possible un certain partage d’expériences, mais ces occasions demeurent rares (Delisle, 2001). Dans l’étude réalisée par Jolly et al. (2012), les parents ont déclaré se sentir exclus des autres parents, que leur enfant fréquente l’école publique ou qu’ils leur fassent l’école à la maison. Cet isolement proviendrait, entre autres, de l’étiquette du haut potentiel chez leur enfant ou encore de leur choix de ne pas enseigner à la maison. En d’autres termes, ceux-ci se sentiraient jugés, peu importe leur décision concernant le cursus scolaire de leur enfant à haut potentiel. Par ailleurs, l’étude de Renati et al. (2017) révèle que 50 % des parents d’enfants à haut potentiel identifient l’école comme une source importante de stress dans leur vie. Ces parents se sentent peu, voire pas soutenus par le milieu scolaire. Finalement, selon Renati et al. (2017), les parents identifient leurs propres parents comme des êtres cruciaux pour affronter les différentes sources de stress qu’ils vivent au quotidien (47,8 %), et ce, autant pour du soutien affectif que concret.
Le but de l’étude et sa pertinence
13 Bien que les conséquences du haut potentiel chez les enfants soient de plus en plus documentées dans les écrits scientifiques, peu d’études mettent en lumière le vécu de leurs parents (Morawska et Sanders, 2009). Or, les rares études sur la question démontrent que les parents peuvent vivre de l’incompréhension et être désemparés face au haut potentiel de leur enfant (Guillon et al., 2017 ; Tamisier, 2016). Malgré tout, peu d’écrits sont consacrés à leur réalité et aux conséquences du haut potentiel de leur enfant dans leur quotidien (Guillon et al., 2017). Dans un contexte où les parents sont amenés à accompagner leur enfant à faire face aux conséquences associées à leur haut potentiel, il apparaît pertinent de mieux comprendre leur vécu et leurs besoins. Dans cette perspective, cet article présente les résultats d’une étude qualitative visant à donner une voix à des mères ayant un enfant à haut potentiel en documentant les conséquences qu’elles perçoivent de cette réalité dans divers aspects de leur vie.
Méthodologie de l’étude
Cette section situe le cadre méthodologique de l’étude et permet de comprendre le processus de sélection des participantes, de même que de collecte et d’analyse de données
Cadre général de l’étude
14 Cette recherche qualitative exploratoire a été menée auprès de 12 mères québécoises ayant un enfant identifié comme à haut potentiel [2]. Considérant la nouveauté de l’objet d’étude et les difficultés anticipées de recrutement, une méthode d’échantillonnage non probabiliste, de type « boule de neige » a été privilégiée (Mayer et Deslauriers, 2000). En raison du contexte pandémique en vigueur au moment de l’étude, le recrutement, de même que les entrevues en découlant se sont déroulées de manière virtuelle. Afin de joindre les participants éventuels, une annonce décrivant l’étude a été publiée sur la page Facebook de deux associations s’intéressant au phénomène du haut potentiel. En l’espace de quelques jours, plus de 71 personnes, dont une majorité de mères, ont manifesté leur intérêt à contribuer à l’étude. Selon l’ordre de réception des messages d’intérêt pour participer à l’étude, les mères ont été contactées individuellement afin de vérifier leur éligibilité, à savoir : a) résider au Québec et b) avoir un enfant âgé de 6 à 11 ans ayant été identifié comme étant à haut potentiel par un professionnel, tel qu’un neuropsychologue ou un psychologue. Pour des considérations académiques, économiques et temporelles, la taille maximale de l’échantillon a été déterminée à 12 mères. Dans un souci de diversification de l’échantillon, six des participantes étaient des mères d’enfants identifiés comme étant à haut potentiel, tandis que les six autres étaient des mères d’enfants doublement exceptionnels, c’est-à-dire des enfants présentant à la fois une douance intellectuelle associée à un trouble neurodéveloppemental ou de santé (CIDDT, 2021b).
Collecte de données
15 Les douze mères concernées ont participé à une rencontre menant à un entretien semi-dirigé, d’une durée moyenne de 88 minutes. Suivant l’entrevue, un questionnaire sociodémographique, comprenant notamment des questions à propos de l’âge et du niveau de scolarité des mères, était transmis par courriel aux participantes [3]. Étant donné le contexte sanitaire en vigueur, les rencontres se sont déroulées par visioconférence, sur la plateforme Zoom, selon des modalités (heure ; journée ; caméra ouverte ou non) mutuellement convenues
Cadre et modalités d’analyse
16 Chaque entrevue a été retranscrite par une professionnelle certifiée. En accord avec la méthodologie proposée par Mayer et Deslauriers (2000), l’analyse des entretiens s’est effectuée selon cinq étapes : 1-Lecture en surface de chacun des verbatim afin d’anonymiser le tout, 2-Lecture flottante afin de construire l’arbre de codification, 3-Codification des verbatim en fonction des thématiques émergeantes, 4-Élaboration de matrices de données, à l’aide du logiciel Word, en fonction des thématiques et 5-Interprétation des résultats à partir du matériel catégorisé. Le cadre de référence privilégié pour l’analyse thématique des données est l’approche bioécologique (Bronfenbrenner, 1979 ; Bronfenbrenner et Morris, 2006). Cette approche permet de mettre en évidence les facteurs qui influencent, de manière positive ou négative, le parcours de vie des personnes (Drapeau, 2008). Dans le cadre de cet article, l’analyse a permis de mettre en évidence les conséquences du haut potentiel d’un enfant aux plans ontosystémique (personnel) et microsystémique (relations avec l’environnement).
Les principaux résultats de l’étude
17 Cette section porte sur les conséquences du haut potentiel d’un enfant dans la vie des mères. Plus spécifiquement, les conséquences sont abordées en lien avec la vie personnelle, conjugale, familiale, financière, professionnelle et sociale des répondantes. Les extraits rapportés tiennent compte du profil de l’enfant (haut potentiel et doublement exceptionnel) et ont été pris en compte dans l’analyse.
Le profil des mères participantes
18 Au total, ce sont douze mères vivant au Québec (Canada) qui ont été interrogées dans le cadre de cette étude. Au moment de l’entrevue, les participantes étaient âgées entre 31 et 52 ans. Toutefois, pour la majorité d’entre elles, leur âge se situait entre 36 et 40 ans (n=8), pour une moyenne de 38,3 ans. La plupart des participantes étaient mariées ou avaient un conjoint (n=10), à l’exception d’une mère qui était célibataire et d’une autre qui était séparée. Les mères interrogées avaient soit un (n=5), deux (n=5) ou trois enfants (n=2). Concernant leur niveau de scolarité, toutes les participantes avaient complété des études supérieures. Elles occupaient majoritairement un emploi à temps plein (n=8). Au cours de la dernière année, la plupart des participantes (n=10) avaient un revenu familial net se situant entre 70 000 $ et 99 999 $ (entre 47 876 et 68 394 €), à l’exception d’une mère monoparentale dont le revenu se situait entre 30 000 $ et 49 999 $ (entre 20 515 et 34 196 €).
Les conséquences du haut potentiel dans la vie des mères
Les conséquences sur la vie personnelle
19 Bien que quatre mères aient mentionné ne pas vivre de conséquences personnelles liées au haut potentiel de leur enfant, huit ont constaté des répercussions liées à l’épuisement, à l’anxiété et à une baisse d’estime de soi.
20 Ainsi, cinq mères ont rapporté que le haut potentiel de leur enfant a engendré chez elles de la fatigue allant jusqu’à de l’épuisement. Elles estiment qu’elles doivent constamment préparer des projets et réinventer leurs stratégies éducatives afin de combler le besoin de stimulation de leur enfant, tout en gérant ses réactions imprévisibles.
« C’est épuisant parce qu’à travers ma compréhension de la douance, je sais de quoi elle a besoin, elle a besoin d’être stimulée physiquement, mentalement puisqu’elle ne l’est pas à l’école, donc moi je me mets ça comme charge, c’est-à-dire que je vais l’emmener au musée, je vais faire des sorties pour découvrir tel truc, je monte des projets à la maison, on va parler pendant une semaine du Japon, on va apprendre sur les samouraï, c’est de trouver des documentaires, des livres, tout ce temps que je mets là-dessus, je trouve que c’est demandant psychologiquement en plus de gérer dans le quotidien des explosions, des incompréhensions… » (Mère9-D).
21 Quatre mères ont particulièrement mis en avant que le haut potentiel de leur enfant intensifiait le stress et l’anxiété qu’elles éprouvent au quotidien. Ces mères expriment leur préoccupation principale face à l’imprévisibilité des crises de leur enfant. L’une d’entre elles a même signalé que les appels fréquents de l’école ont entraîné le développement de symptômes de stress post-traumatique.
« On est beaucoup craintifs puis on a exploré ça avec la psychologue, bien moi en fait, et c’est comme ça que je l’avais nommé, et elle me l’a confirmé, on a un post-trauma nous, les parents, en ce moment. Aussitôt que l’école appelle, que je vois leur numéro de téléphone, puis je capote puis je ne sais même pas ce qu’ils vont me dire encore. Ils nous ont tellement appelés pour tout, leurs premières années de scolarité » (Mère2-D).
22 Enfin, pour deux mères, le fait d’avoir un enfant doublement exceptionnel a provoqué une diminution de leur estime de soi car leurs interventions auprès de leur enfant ne produisent pas les effets escomptés.
« Ma confiance en tant que mère est vraiment ébranlée, vraiment beaucoup, c’est vraiment très difficile parce que tu te dis : mon Dieu, je ne fais rien comme il faut, il ne m’écoute pas, il ne fait pas ses affaires, il est en bris d’apprentissage, il coule à l’école, il est impoli… en tout cas, tout ce qui vient avec, ça vient te chercher vraiment beaucoup parce que tu as l’impression que tu as fait un échec » (Mère8-DE).
Les conséquences sur la vie familiale et conjugale
23 Alors que six des mères ont indiqué que le fait d’avoir un enfant à haut potentiel n’a rien changé à leur vie familiale, cinq d’entre elles, dont quatre ayant un enfant doublement exceptionnel, perçoivent des répercussions à cet égard. Selon elles, la naissance de leur enfant a entraîné un changement de routine et une réorganisation de leur vie quotidienne. Cela implique d’anticiper au quotidien les besoins et les comportements de l’enfant, de s’assurer qu’il n’oublie rien, de collaborer avec l’école, tout en planifiant chaque sortie extérieure. Il est toutefois possible de se demander si ces répercussions sont attribuables au haut potentiel ou plutôt aux autres diagnostics également présents chez l’enfant.
« Il faut changer la routine, il faut que je l’organise, il faut que je fasse sa scolarité… mais sinon, toute sa scolarité, toute son organisation, penser pour lui, s’assurer qu’il n’a jamais rien oublié, qu’il sorte avec ses mitaines, sa tuque… » (Mère3-DE).
24 Plus spécifiquement, neuf répondantes ont affirmé que le haut potentiel de leur enfant n’a eu aucun effet sur leur vie de couple. Malgré tout, dans deux cas, des tensions conjugales et une réduction du temps de qualité passé en couple ont été constatées depuis la naissance de leur enfant à haut potentiel. Pour une mère, le haut potentiel a été un sujet de discorde au sein du couple, chaque partenaire tentant d’attribuer la responsabilité de cette condition à son conjoint. De plus, la curiosité de l’enfant à haut potentiel et sa recherche constante d’interaction avec des adultes réduisent les moments d’intimité entre conjoints.
« Ah oui, on est très unis mais je te dirais que depuis qu’on a su ça des garçons, on a eu une passe où on s’accusait, il est comme toi, c’est de ta faute ! Des fois, on a des traits, je me souviens je disais à mon chum, hey la pomme elle ne tombe pas loin de l’arbre » (Mère2-D).
« Au niveau conjugal, mon enfant prend beaucoup de place on a de la difficulté à juste parler entre nous, même si c’est pour payer une facture d’électricité, il veut tout le temps savoir, interrompre la conversation, vouloir chercher, d’être dans la conversation, des fois ce n’est pas pour mal faire, c’est comme un grand besoin de curiosité et d’échanger avec nous » (Mère5-DE).
25 Par ailleurs, sept répondantes ont affirmé ressentir une certaine tension dans leur rôle de mère. Pour cinq d’entre elles, la pression est interne : elles se demandent constamment si elles en font assez pour stimuler leur enfant. Elles souhaitent accompagner leur enfant dans le développement de son potentiel, ce qui implique de lui accorder beaucoup de temps et d’attention. À l’inverse, pour deux mères, la pression est externe. Elles ressentent, de la part de l’environnement social, une exigence liée à l’idée que leur enfant devrait exceller dans tout ce qu’il entreprend, qu’il ait un avenir brillant ou une carrière remarquable.
« Je n’en ressens pas de l’extérieur, ça vient vraiment de moi ! Moi-même qui m’en mets, parce que justement … anyway tout parent veut que son enfant soit parfait, on s’entend, il n’a pas un parent qui va dire ah non moi je veux scrapper mon enfant, mais c’est moi qui s’en mets beaucoup, je pense plus que ce que je devrais parce que justement je veux qu’il soit bien, qu’il performe à sa juste valeur à lui, pas nécessairement qu’il ait des 100 % non plus mais qu’il soit bien, qu’il soit heureux, qu’il soit autonome »
(Mère8-DE).
« On sent de la pression, puis même je sens cette pression-là de quand je parle et que les gens apprennent que mon enfant a une douance, ils disent tout le temps, ah mon Dieu, c’est tu elle qui va découvrir le prochain remède contre le cancer, puis là je suis comme mais non elle fera bien ce qu’elle veut, comme si parce que elle avait une douance, elle était obligée de faire un emploi prestigieux et d’aller dans une grosse carrière puis tout ça, en oubliant que ultimement il va falloir qu’elle fasse qu’est-ce qui la rend heureuse » (Mère4-D).
26 Également, cinq autres mères ont affirmé ressentir un sentiment d’incompétence dans l’exercice de leur rôle parental. Elles ont l’impression que les besoins de leur enfant sont infinis, tout en estimant être peu outillées pour y faire face.
« C’est sûr que c’est celui-là que je me sens la moins bonne mère, il n’est jamais comblé cet enfant-là, il est très difficile » (Mère1- D).
« Souvent je me pose des questions sur ma compétence parentale c’est sûr. Parce que je me dis, j’ai un enfant doué qui s’emmerde, qui ne réussit pas, qui dit qu’il n’y a rien qui l’intéresse, qui n’arrive pas à trouver quelque chose qui l’intéresse, qui peut passer des heures de fou devant des jeux vidéo parce qu’il ne sait pas quoi faire d’autre, puis je ne peux pas l’empêcher de le faire sinon il se tape des crises d’anxiété » (Mère3-DE).
27 En revanche, pour trois mères, le fait d’avoir un enfant à haut potentiel n’a pas modifié leur sentiment de compétence parentale. L’identification du haut potentiel de leur enfant leur a même permis d’adapter les interventions déjà mises de l’avant, ce qui a contribué à augmenter leur perception de contrôle sur la situation ainsi que leur sentiment d’efficacité dans leur rôle maternel.
« Fait que oui c’est sûr que d’avoir l’évaluation, ça m’a aidée à me réconforter dans mes compétences parentales, de me dire que oui ok… Maintenant je sais comment intervenir avec elle, alors c’est sûr que de ce côté-là, ça va mieux et je me sens plus en confiance par rapport à mes interventions et mon rôle de mère aussi avec elle » (Mère4-D).
Les conséquences sur la vie financière et professionnelle
28 Au plan financier, sept répondantes ont indiqué que le haut potentiel de leur enfant est associé à des coûts importants dans leur vie. La consultation de neuropsychologues dédiés à l’évaluation du haut potentiel (n=10) ou d’autres types de spécialistes évoluant en pratique privée (n=6) contribue largement à ces coûts. La scolarisation en milieu privé ou encore l’achat de matériel éducatif ou culturel supplémentaire pour combler les besoins des enfants contribuent également à ces coûts.
« Ça me demande aussi de payer beaucoup de spécialistes, fait que ça me coûte très cher, mais très cher ! Parce qu’au public, ce n’est pas assez, quand ils comprennent, ils n’ont pas le temps parce que ceux qui comprennent, ce sont les meilleurs, et les meilleurs ils ne sont pas disponibles, fait que tu es obligé d’aller au privé » (Mère3-DE).
« Oui les évaluations, les suivis et outre ça, je dirais que quotidiennement, c’est tous les projets que je monte, bien c’est du matériel de bricolage, c’est des affiches, des films qu’on va louer, je dirais que ça dans une année, ça peut prendre autant de place qu’une évaluation au privé, donc dans le quotidien vouloir stimuler son enfant, aller au musée, puis tout ça c’est quelque chose » (Mère9-D).
29 Malgré des dépenses supplémentaires, certaines mères (n=5) ont mentionné que le fait d’avoir un enfant à haut potentiel a entraîné peu ou pas de changement sur le plan financier. Dans le même sens, cette condition n’a pas eu de conséquence dans la vie professionnelle d’une majorité de répondantes (n=7). Alors qu’une mère demeurait déjà au foyer, les autres (n=6) estiment que le haut potentiel de leur enfant ne nécessite pas des absences ou des accommodements particuliers dans leur milieu de travail.
Le milieu d’emploi des participantes est d’ailleurs perçu comme une source de soutien pour bon nombre d’entre elles (n=9). Dès l’identification du haut potentiel de leur enfant, celles-ci n’ont pas hésité à en discuter avec leurs collègues et leur employeur. Au-delà de l’écoute, certaines (n=6) estiment même qu’elles peuvent compter sur les conseils et l’aide de leurs collègues dans leurs démarches liées au haut potentiel de leur enfant.
« Mes collègues définitivement parce que j’ai une super belle équipe ici à mon école et on est toutes des collègues qui se connaissaient avant et on a décidé de venir travailler dans la même école, on se soutient autant au travail que dans notre vie personnelle. Alors c’est un très beau réseau » (Mère7-DE).
30 À l’inverse, quelques mères (n=3) ont souligné qu’elles perçoivent une rigidité et du jugement de la part de certains collègues. En conséquence, deux mères n’ont pas discuté du haut potentiel de leur enfant dans leur milieu professionnel. Malgré tout, une mère persiste à parler ouvertement du haut potentiel de son enfant dans son milieu de travail, et ce, bien que le sujet engendre des mésententes avec ses collègues. Selon elle, il est nécessaire d’en discuter afin de démystifier ce qu’est le haut potentiel, dans le but que cette condition soit mieux acceptée socialement.
31 Finalement, deux mères ont décidé d’alléger leur horaire de travail afin de favoriser la conciliation de leur vie familiale et professionnelle. Ces mères voulaient être plus présentes pour leur enfant afin d’atteindre un meilleur équilibre de vie. L’une d’elles n’attribue pas sa décision au fait d’avoir un enfant à haut potentiel, tandis que l’autre estime que son enfant doublement exceptionnel nécessite plus de temps, d’attention et de présence à la maison.
« Moi j’ai pris un allègement pour être plus présente, une fois par semaine que je peux me permettre d’aller chercher mon garçon pour le dîner, adapter mon horaire comme ça, mon conjoint aussi, en travaillant la fin de semaine, il a toujours une journée où est-ce qu’il peut s’adapter comme ça, donc c’est sûr que c’est pour concilier vraiment travail-famille comme n’importe quelle personne mais avec des besoins que mes autres enfants auraient pas donc c’est vraiment passer le plus de temps avec lui » (Mère5- DE).
Les conséquences sur la vie sociale
32 La moitié des répondantes (n=6) n’ont perçu aucun changement dans leur vie sociale depuis l’identification du haut potentiel de leur enfant. Elles estiment que tout va bien dans cette sphère de leur vie et, lorsqu’elles remarquent des changements, elles les attribuent plutôt au contexte de pandémie.
33 Pour certaines répondantes (n=6), avoir un enfant à haut potentiel a toutefois eu pour effets un éloignement et une prise de distance avec certains proches. Elles ont cessé de côtoyer certains d’entre eux ou ont diminué leurs contacts en raison d’une incompréhension de leur part.
« J’ai senti honnêtement qu’il y avait une part de jalousie, une part de méconnaissance. J’ai senti que j’aurais eu plus d’empathie si j’avais dit que les enfants avaient une déficience intellectuelle qu’une douance » (Mère2-D).
34 Plus spécifiquement, certaines mères (n=4) ont vécu de mauvaises expériences avec le milieu scolaire, qu’elles attribuent au haut potentiel de leur enfant. D’une part, elles critiquent le manque de reconnaissance du haut potentiel en milieu scolaire, et ce, malgré les rapports professionnels attestant de son identification. D’autre part, quelques-unes (n=2) déplorent le manque de continuité à travers les années scolaires, ce qui accentue l’impression de devoir toujours recommencer la demande d’aménagements ou encore l’explication de la situation auprès des enseignants et des directions concernées.
« Pas au début, malheureusement l’école où est-ce que mon enfant va encore en ce moment, à l’époque c’était une autre direction qui était là, une autre directrice et elle, elle ne croyait pas à la douance de mon enfant, malgré que j’avais deux rapports, malgré que le professionnel l’a appelée, elle ne croyait pas […] Un vrai, vrai combat ! Pour vrai, vrai, c’était épuisant, à chaque année c’était à recommencer, à chaque prof, c’était à recommencer, jusqu’à temps qu’ils changent de direction… » (Mère8-DE).
35 Malgré tout, trois mères ont vécu des expériences positives avec le milieu scolaire en ce qui concerne le haut potentiel de leur enfant. Plus précisément, elles ont entretenu de bonnes relations avec le personnel en place et sont satisfaites des services reçus. Ces répondantes estiment que la connaissance et l’ouverture de la direction de l’école à propos du haut potentiel a constitué un avantage.
« Au niveau de l’école tout à fait, ce n’est pas la seule qui a une douance à l’école, c’est ce qu’on m’avait dit de la part de la direction, fait qu’ils semblaient déjà connaître, puis je pense que la directrice de son école avant, travaillait dans une école où elle avait comme la charge de s’occuper des enfants qui avaient des besoins plus particuliers, notamment des enfants avec une douance, ils semblent être au fait et être très réceptifs face à ça » (Mère4-D).
Discussion
36 Le haut potentiel d’un enfant peut engendrer des conséquences dans différentes sphères de la vie de ses parents (Free, 2017 ; Renati et al., 2017). Les études réalisées auprès de parents d’enfants aux prises avec des problèmes de santé ou des difficultés sur le plan développemental démontrent que les niveaux de stress sont plus élevés chez ces parents, contrairement aux parents d’enfants neurotypiques (Cappe et al., 2012 ; Morin et al., 2014 ; Pelchat et al., 2005). Partant de ce constat, il est possible de croire que le haut potentiel puisse à lui seul constituer un agent stressant. En fait, la seule étude comparant les niveaux de stress parentaux chez les mères d’enfants à haut potentiel et leurs pairs ne vivant pas avec cette condition démontre que les mères d’enfants à haut potentiel perçoivent du stress de façon marquée comparativement aux autres mères (Bishop, 2012). Les parents d’un enfant à haut potentiel sont susceptibles de vivre des conséquences, positives et négatives, dans différentes sphères de leur vie, notamment aux plans personnel, conjugal et familial, financier et professionnel, ainsi que social.
37 Néanmoins, si les parents d’enfants à haut potentiel font face à des défis uniques (Free, 2017), les parents d’enfants doublement exceptionnels doivent traverser des défis supplémentaires. En fait, l’ajout d’un deuxième, voire d’un troisième diagnostic à l’enfant vient augmenter la complexité d’une situation qui est à la base difficile pour l’enfant et ses parents. Selon Tzang et al. (2009), ce phénomène est d’ailleurs courant pour 75 % des enfants avec un Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) qui présentent un second diagnostic, tel qu’un Trouble d’apprentissage (TA) ou un Trouble du spectre de l’autisme (TSA). Ce cumul de diagnostics ou de symptômes fait en sorte que les enfants doublement exceptionnels ressentent leur différence vis-à-vis de leurs pairs. Ce phénomène affecte également les parents lorsque ceux-ci tentent de tisser des liens avec des parents d’enfants ayant des besoins particuliers (Latz et Adams, 2011). De ce fait, tous ces éléments constituent des sources de stress additionnelles pour les mères d’un enfant à haut potentiel, ce qui peut se traduire par l’ajout de conséquences négatives dans leur vie.
38 Comme autre source potentielle de stress, les parents d’un enfant à haut potentiel doivent composer au quotidien avec les besoins particuliers de ce dernier. Plusieurs mères interrogées, dont la majorité sont des mères d’un enfant doublement exceptionnel, ont affirmé que la présence de cet enfant dans leur vie entraînait des effets néfastes sur leur santé, comme une baisse d’énergie et de la fatigue. Ces répercussions, encore peu documentées dans les recherches menées sur les parents d’enfants identifiés comme étant à haut potentiel, sont justifiées par le besoin constant de stimulation chez l’enfant à haut potentiel et la gestion de ses comportements perturbateurs qui peuvent engendrer de l’épuisement. Il est d’ailleurs reconnu qu’une exposition prolongée et répétitive à certaines situations stressantes peut créer un stress chronique chez l’individu. En effet, le système de réponse au stress n’étant pas conçu pour être constamment activé, le stress peut mener au surmenage de l’organisme lorsqu’il est trop sollicité (CESH, 2019). Ce phénomène pourrait expliquer les difficultés psychologiques observées chez certaines mères dans la présente étude, tels que l’épuisement et l’anxiété. Plus précisément, l’anticipation des comportements de leur enfant et son éventuelle désorganisation les préoccupent au quotidien. En ce sens, bien que les mères d’enfants doublement exceptionnels aient bien réagi à l’annonce du haut potentiel de leur enfant, plusieurs d’entre elles ont pu vivre du stress de façon prolongée. D’ailleurs, certaines études (Free, 2017 ; Renati et al., 2017) corroborent cette idée selon laquelle les parents d’enfants à haut potentiel sont confrontés à plusieurs sources de stress. Les résultats de Renati et al. (2017) révèlent que le comportement opposant, de même que les difficultés dans l’acceptation des règles et des routines constituent des facteurs de stress pour le tiers des parents interrogés, ce qui appuie le vécu des mères interrogées dans cette présente recherche. Certaines spécificités des enfants à haut potentiel, telles que les difficultés scolaires (Wirthwein et al., 2019), les obstacles à l’adaptation sociale (Baudson, 2016) et la baisse de l’estime de soi (Bénony et al., 2007), peuvent aussi être éprouvantes pour les parents. Ainsi, en raison des défis supplémentaires auxquels les mères d’enfants doublement exceptionnels sont confrontées, il n’est pas étonnant de constater qu’elles éprouvent davantage d’anxiété. Également, pour une minorité de participantes qui sont toutes des mères d’enfants doublement exceptionnels, la présence de leur enfant a aussi eu comme conséquence une diminution de leur estime de soi. Dans le discours de ces mères, cette baisse de leur estime personnelle serait alimentée par l’impression que leurs interventions ne fonctionnent pas et, donc, qu’elles n’exercent pas leur rôle parental correctement. Le fait que ces répondantes soient des mères d’enfants doublement exceptionnels est probablement une piste d’explication, cette particularité supplémentaire contribuant à augmenter les défis auxquels elles sont confrontées. Malgré tout, ce constat n’a pas été documenté dans les écrits scientifiques portant sur les répercussions du haut potentiel d’un enfant chez ses parents.
39 Aussi, pour des participantes, dont la majorité sont des mères d’enfants doublement exceptionnels, un changement de routine et une organisation différente de la vie quotidienne ont dû être implantés. Un besoin de réorganisation était donc présent pour s’adapter aux besoins de l’enfant à haut potentiel. Selon Renati et al. (2017), l’aménagement de routines peut signifier un facteur de stress important au sein de la famille. Selon ces auteurs, la compétition avec la fratrie représente également un facteur de stress non négligeable pour les parents, bien que ce constat n’ait pas été évoqué par les participantes lors des entretiens.
40 Dans certains cas, les besoins particuliers des enfants à haut potentiel et doublement exceptionnels peuvent amener les parents à décider de faire l’école à la maison. Les écrits recensés sur le sujet évoquent les conséquences liées à ce choix, notamment en ce qui concerne la vie professionnelle des parents (Jolly et al., 2012). Dans le cadre de cette étude, aucune mère interrogée n’a quitté son emploi pour faire l’école à la maison. Effectivement, malgré l’insatisfaction vécue par plusieurs d’entre elles en lien avec la prise en charge de leur enfant en milieu scolaire, le choix de faire l’école à la maison n’a pas été privilégié. D’ailleurs, la majorité des mères ont mentionné que le fait d’avoir un enfant à haut potentiel n’entraînait aucune conséquence dans leur vie professionnelle. Ainsi, celles-ci n’ont pas été confrontées à des licenciements ou à des besoins d’adaptation professionnelle particuliers. À l’inverse, quelques mères ont fait le choix de réduire leurs heures de travail afin de mieux concilier leur vie familiale et professionnelle. Selon Renati et al. (2017), cette décision peut être liée au fait que les parents d’enfants à haut potentiel font face à de nombreux défis supplémentaires, ce qui entraîne des difficultés liées à la conciliation travail-famille.
41 Certains besoins particuliers reliés au haut potentiel d’un enfant peuvent occasionner des coûts financiers. Les écrits recensés mentionnent que l’investissement dans les sports, les cours d’été et le mentorat sont souvent envisagés par les parents d’enfants à haut potentiel, ce qui engendre des dépenses supplémentaires qui ne sont pas accessibles pour toutes les familles (Manasawala et Desai, 2019 ; Renati et al., 2017). D’ailleurs, Jolly et al. (2012) démontrent que l’aspect financier est bien souvent un facteur déterminant dans l’accessibilité aux programmes d’étude et d’enrichissement. Dans la présente étude, la plupart des répondantes ont mentionné que le fait d’avoir un enfant à haut potentiel a engendré des dépenses supplémentaires pour leur famille, incluant l’évaluation en neuropsychologie qui s’est avérée onéreuse pour certaines. Pour d’autres, le choix de scolariser leur enfant dans une école privée, la réalisation de projets, les sorties et le matériel utilisé pour stimuler leur enfant sont aussi des éléments ayant entraîné des dépenses supplémentaires. Ainsi, les résultats de cette étude appuient ceux mis de l’avant dans d’autres recherches à l’effet que les besoins particuliers des enfants à haut potentiel peuvent occasionner des coûts importants pour leurs parents (Jolly et al., 2012 ; Manasawala et Desai, 2019 ; Renati et al., 2017). À l’inverse, certaines mères ont mentionné qu’elles avaient perçu peu ou pas de changements significatifs sur le plan financier.
42 En ce qui concerne l’exercice du rôle parental, les répondantes ont affirmé ressentir de la pression dans leur rôle de mère concernant la réussite de leur enfant. Alors que cette pression était surtout présente chez les mères ayant un enfant à haut potentiel, les mères d’enfants doublement exceptionnels ont, quant à elles, évoqué ressentir un sentiment d’incompétence dans l’exercice de leur rôle parental. Plus précisément, ces mères se sentent responsables du fait que les besoins de leur enfant ne semblent jamais comblés. Ces propos convergent avec l’étude de Delisle (2001), qui utilise le terme Profoundly Gifted Guilt (PGG) pour mettre en lumière les difficultés vécues par les parents d’enfants à haut potentiel. Selon cette conception, les parents d’un enfant à haut potentiel éprouvent, entre autres, de la culpabilité vis-à-vis leurs décisions qui pourraient ruiner l’avenir de leur enfant, faisant en sorte qu’ils se sentent inadéquats et sous-estiment leurs compétences. De plus, l’étude de Renati et al. (2017) appuie cette idée selon laquelle les parents peuvent avoir de la difficulté à aider leur enfant à gérer ses émotions et ses préoccupations, ce qui peut constituer une source de stress. Dans le même sens, Grupta (2007) souligne que les comportements des enfants qui présentent une grande distractibilité, une irritabilité et une mauvaise humeur ne renforcent pas de façon positive leurs parents dans l’exercice de leur rôle parental. Avec une accumulation de tentatives infructueuses pour contrôler les comportements de l’enfant, les mères peuvent avoir le sentiment d’avoir échoué en tant que parents (McCleary, 2002).
43 Les résultats obtenus dans cette recherche appuient les propos de Renati et al. (2017), selon lesquels la communication avec l’entourage peut s’avérer difficile pour certains parents ayant un enfant à haut potentiel. Ces parents peuvent se sentir incompris de leurs proches en ce qui concerne les difficultés qu’ils rencontrent. Les parents interrogés dans l’étude de Renati et al. (2017) percevaient un manque de soutien de la part de leurs amis et, surtout, de la part de parents dont les enfants ne présentaient pas de haut potentiel. Ces résultats corroborent également le vécu de certaines mères interrogées dans cette recherche, qui ont dû prendre de la distance et s’éloigner de certains proches. Comme raisons principales à cet éloignement, elles évoquent le manque de temps à leur consacrer, le manque de compréhension de leur entourage et l’impression que leurs propos entourant l’enfant à haut potentiel sont perçus comme de la vantardise. Pour quelques mères, la jalousie et la méconnaissance présentes chez leurs proches pourraient également expliquer cette distance. Dans le même sens, Delisle (2001) et Adler (2006) soulignent que lorsque les parents mentionnent les prouesses de leur enfant à haut potentiel, les autres parents peuvent avoir de la difficulté à les croire. En fait, l’utilisation du terme surdoué avec l’entourage conduit inévitablement à un étiquetage de l’enfant. En d’autres termes, l’enfant est catégorisé en fonction des caractéristiques qu’il est supposé présenter. En conséquence, l’image de soi de l’enfant est non seulement influencée, mais ces croyances interfèrent aussi dans les échanges que les parents ont au quotidien, en raison des attentes et des représentations sociales au sujet du haut potentiel (Rist, 2011). C’est en partie pour ces raisons que les parents parlent rarement du haut potentiel de leur enfant, par peur d’être jugés. L’isolement que cette situation entraîne peut contribuer à augmenter le niveau de stress parental vécu par les mères (Podolski et Nigg, 2001). Dans le cadre de cette recherche, certaines participantes ont évoqué s’isoler davantage, bien que le stress découlant de cette situation n’ait pas été abordé.
44 L’étude de Renati et al. (2017) soulève que les parents d’enfants à haut potentiel se sentent souvent peu ou pas soutenus par le milieu scolaire. À ce sujet, Besnoy et al. (2015) mentionnent que dans le milieu scolaire, l’attitude défensive et protectrice des parents envers leur enfant peut être mal interprétée par les enseignants, ce qui peut susciter des conflits. Les parents, les enseignants et les enfants peuvent donc devenir frustrés, ce qui peut contribuer à augmenter le niveau de stress pour chacun. Dans le cadre de la présente recherche, certaines mères ont affirmé que les membres du personnel de l’école de leur enfant étaient réticents, voire fermés quant à l’identification du haut potentiel de leur enfant. De plus, des mères ont souligné que ce problème survenait à chaque année, étant donné le roulement de personnel et les changements d’enseignants, mais aussi en raison de la vision restreinte du haut potentiel chez ceux-ci. Pour elles, il s’agit d’un éternel combat et d’un recommencement continuel, pouvant représenter une source de stress. En conséquence, pour certaines d’entre elles, aucun plan d’intervention n’a été adopté pour leur enfant. Ces propos rejoignent ceux d’Huff et al. (2005), qui indiquent que les parents sont insatisfaits des institutions académiques, autant pour les écoles privées que publiques, en raison du peu de formation et de préparation du personnel, de même que du manque d’expérience. Dans le cadre de cette recherche, peu d’informations ont été fournies par les mères à ce sujet. En revanche, pour certaines mères, des expériences positives ont pu en être retirées en ce qui concerne les bonnes relations entretenues avec le personnel en place et leur satisfaction vis-à-vis les services reçus. Dans le cas de certaines mères, de l’ouverture et une réceptivité étaient présentes de la part des enseignants et des directions. Cet aspect, qui demeure une réalité pour certaines mères, n’a toutefois pas été évoqué dans les écrits recensés concernant le vécu des parents d’enfants à haut potentiel.
Conclusion
45 En guise de conclusion, le phénomène du haut potentiel demeure, encore à ce jour, peu documenté au Québec. Les résultats de cette étude révèlent qu’en ayant un enfant à haut potentiel, les participantes sont confrontées à plusieurs sources de stress. L’identification du haut potentiel, et la double exceptionnalité de leur enfant pour certaines, leurs besoins particuliers, les ressources financières, l’exercice du rôle parental, le regard d’autrui et l’intégration scolaire en constituent des exemples. Comme forces, le fait que cette étude porte à la fois sur les enfants uniquement à haut potentiel et les enfants avec une double exceptionnalité amène de la richesse et de la variété dans le vécu des mères. Comme limites, le contexte de la pandémie peut, notamment, avoir influencé les propos des répondantes, dont le fardeau pouvait alors être amplifié. Pour des recherches futures, il serait intéressant de documenter le vécu des pères d’enfants à haut potentiel, en ce qui concerne les conséquences de cette condition dans les différentes sphères de leur vie. Il serait intéressant de savoir s’il existe des similitudes et des différences avec le vécu des mères. Puis, il serait pertinent de se pencher plus en profondeur sur le rôle des ressources financières dans l’adaptation au haut potentiel. Cet aspect serait donc à investiguer davantage dans de futures recherches.
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Mots-clés éditeurs : Haut potentiel, Conséquences parentales, Travail social, Vécu des mères, Double exceptionnalité, Défis parentaux
Mise en ligne 23/04/2024
https://doi-org.acces.bibl.ulaval.ca/10.3917/nresi.098.0193Notes
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[1]
Le terme double exceptionnalité est employé pour désigner une personne présentant à la fois une douance intellectuelle associée à un trouble neurodéveloppemental ou de santé (CIDDT, 2021b). Selon Rinn (2018), la douance intellectuelle serait une force, alors que la double exceptionnalité constituerait une vulnérabilité.
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[2]
Cette étude a été approuvée par le Comité d’éthique de la recherche de l’UQAC : no 2021-635.
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[3]
Le questionnaire a été complété par 11 des 12 participantes.